Le site
« Canal solidario » de la fondation « haz lo posible »
a publié le 9/11/2007 un post sur le livre “Langage publicitaire et discours solidaire.
Efficacité culturelle?” (Lenguaje publicitario y discursos solidarios. Eficacia publicitaria, ¿eficacia cultural?)
de Eloísa Nos Aldás.
Les
ONG, selon le livre, ont peur du langage honnête. Certaines
organisations lancent des campagnes efficaces pour attirer des partenaires
et des fonds, qui ne contredisent pas leurs valeurs, mais il y a
une forte tendance contraire trahissant la fonction éducative des ONG, allant parfois jusqu'à la désinformation.
Image: @Antoine Laurent |
Cette célèbre photographie de Kevin Carter illustre le prix à payer pour obtenir des images impactantes. Concernant cette photo, et le thème de la manipulation des images, voir aussi le post Jusqu'où peut on aller en photographie?
Les ONG, au lieu de
faire appel au dialogue ou de diffuser la voix du Sud pour ouvrir le débat,
sont productrices de messages
pervers, à cause des stratégies d’appel au récepteur. Parfois, la transformation de la réalité ou la “désinformation” n’est
pas arbitraire et inconsciente, tout au contraire. Des études des pulsions humaines
ont classifié une série de critères à appliquer méthodologiquement pour une
manipulation propagandiste efficace (très populaire comme stratégie de
communication chez les mouvements totalitaires du dernier siècle). On parle
alors de la théorie des réflexes conditionnés de Pavlov. Selon lui, le
propagandiste devra associer le message aux quatre pulsions majeures de l'être
humain (instincts).
L'individu soumis à
ces pulsions agirait de façon inconsciente conformément à ce qui lui a été
dicté. Tchakhotine apportera l'utilisation judicieuse des symboles
psychologiques: hymnes, logo, etc. qu'il considère comme la clef de la
propagande. Pour convaincre le public le propagandiste doit développer des
arguments très forts (exagération). Pour Clyde Miller (voir Vorkoff, 1986) le
bon déroulement de la propagande doit donc :
1. Suggérer la peur
et faire ensuite entrevoir la possibilité d'atteindre la sécurité par les
actions suggérées (paternalisme et figure du héros dans les messages des ONG)
2. Mettre les
nouvelles idées en relation avec des idées qui leur sont coutumière pour les
faire accepter par les masses (lecture occidentale des messages)
3. Avoir un nombre
relativement restreint de formules tranchantes et concises afin qu'ils
deviennent des
symboles (stéréotypes)
4. Sans cesse
exposer la population à la propagande
5. Appuyer la force
à la propagande pour empêcher les autres idées de s'exprimer
6. Employer
l'exagération et adapter la propagande en fonction de l'auditoire auquel ont
s'adresse.
(Simplification)
La diffusion des contenus pas tout
à fait réels, dans le monde de l’information, est appelée “désinformation”. La
propagande et la manipulation sont deux choses étroitement liées dont on ne
parle pas souvent dans les médias, pour des raisons logiques: Il faut pas
immuniser le public aux effets de la propagande.
Les héros du Nord
et les impuissants du Sud
Le renforcement des
stéréotypes tend à “héroïser” l’image du Nord et à montrer un Sud impuissant.
En plus d’images et de concepts qui se créent, il existe l’obstacle réel à
l’autogestion produit par cette attitude héroïque du Nord.
La représentation
de la victime conforte les stéréotypes sur une pauvreté appréhendée en termes
de fatalité, de coup du sort, d’incapacité ou de “retard culturel” voire de
punition divine pour certains groupes évangélistes et islamistes (Keim 2009 ;
Sontag, 2003).
L’image d’un
tiers-monde incapable/impuissant et ignorant de son retard sert a justifier une
nouvelle “cruzada” de sensibilisation au développement pour faire connaître ses
“incapacités” d’un coté, et de l’autre coté, rappeler au Nord les “incapacités”
du Sud, pour réaffirmer son rôle héroïque.
Le « pauvre » ne
peut pas se débrouiller par lui même
Sommet de Communication. Clacpi |
On n’entend pas
souvent parler des actions menées par le Sud dans le Sud, même si elles sont
nombreuses, et parfois différentes des modèles du Nord.
En 2002 « News for Africa » a publié un article pour dénoncer le fait que des images de l'Afrique
aient été présentées dans les médias pour des activités de collecte de fonds. Elles
ont fait beaucoup plus de mal que de bien pour le peuple de l'Afrique, selon
l’article en question. Les images fixent un tableau sombre d’un continent qui
n'a aucun espoir, sauf en dépendant de la charité du Nord.
L’absence de débat
L’absence de débat
est aussi dommageable que la création de stéréotypes, et est très liée à ce phénomène:
c’est un moyen de fixation des stéréotypes de manière généralisée. Le débat
pourrait être un outil de communication qui chercherait à échanger des
postures, visions et valeurs entre le Nord et le Sud, et entre différentes
cultures. Les médias pourraient être les canaux de diffusion de ce débat, et
les ONG les organisations qui promeuvent cet échange, et cet objectif de mieux
comprendre (plus proche de la vérité) les autres sociétés.
Selon Eloísa Nos Aldá, la transformation sociale recherchée par les ONG doit passer par un processus autocritique dans le secteur, et la communication possède des outils efficaces pour cela. Actuellement la communication se sert du maquillage de l’information poussant à la consommation, et cette stratégie est en contradiction avec la responsabilisation sociale des coopérants.
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