La solidarité aussi est devenue un marché du travail, et une forme d'entreprise Image: Rosemarie Koczy |
Si les ONG possèdent des structures d’entreprises, en utilisent les moyens et les démarches actuelles de mise en réseau grâce aux nouvelles technologies, avec des prétentions globales, c’est parce qu’elles sont inscrites dans un contexte concret: la mondialisation.
Deux forces opposées dans le contexte de la mondialisation
Attardons-nous sur le discours de Ramonet qui introduit les démarches de la communication (le cinquième pouvoir) dans un monde globalisé. La communication agi comme partenaire et renforce le système où luttent deux forces qui s’opposent: “En cette phase de la mondialisation, nous assistons à un brutal affrontement entre le marché et l’Etat, le secteur privé et les services publics, l’individu et la société, l’intime et le collectif, l’égoïsme et la solidarité.”
La mondialisation d’aujourd’hui est le contexte qui explique une polarisation d’un coté des stratégies libérales des entreprises et d’un autre coté des groupes altermondialistes qui cherchent un autre système, une autre réalité possible. Tous les deux peuvent utiliser les mêmes canaux de diffusion, mais c’est au niveau de la stratégie que les idéologies devront se manifester.
Pour les ONG à vocation « lucrative » (même si ça n’est pas une vocation admise comme telle) il est logique de suivre un système de communication entrepreneurial. Mais pour les ONG qui ont une vrai vocation « non lucrative », s’agit il d’une influence du contexte de la mondialisation, ou d’une absence de créativité et de regard critique sur le fonctionnement, les structures et les stratégies de communication?
Pour Samy Cohen même si il existe des ONG se disant proches de l’alter mondialisme, l’identification des grandes ONG à l’alter mondialisme est discutable surtout à cause de leur vocation pas réellement non lucrative, qui les amène à développer des stratégies commerciales de communication au lieu de stratégies de communication altermondialistes.
La solidarité, une profession où une manière de vivre ?
Si les ONG se sont devenues des entreprises avec des outils de communication typiques des entreprises, ce n’est pas la faute des outils, mais des idéologies et de la philosophie qui mènent à ces actions.
Des valeurs différentes entrent en jeu. Pour certains, la solidarité est une activité professionnelle, alors que pour quelques minorités c’est une manière de vivre, une manière de chercher l’équilibre dans un monde inégal qui ne pourrait être traduit par le langage des entreprises.
Les entreprises de l’humanitaire, c’est à dire les ONG, tentent de plus en plus d’être reconnues par les bailleurs de fonds, et cette reconnaissance s’obtient en faisant plus de projets. Ceci résulte en un cercle vicieux qui amène les ONG sur le terrain bureaucratique et les éloigne des problèmes réels.
Silvie Brunel a déclaré au journal Libération qu’au nom de l'humanitaire aujourd'hui, on fait n'importe quoi. “à ACF (Action Contre la Faim), les critères d'ouverture et de fermeture des missions sont devenus purement financiers. Les critères qui conditionnent la vie des missions, ce n'est pas leur utilité pour les populations, mais: est-ce que des bailleurs de fonds institutionnels continuent ou non à financer ces missions? Est-ce que la marge que nous dégageons sur ces programmes est suffisante pour nous permettre de financer les frais de siège?...”
Links :
http://www.monde-diplomatique.fr/2007/08/MATTELART/15008
http://www.canalsolidario.org/noticia/publicidad-y-ong-cuando-el-lenguaje-traiciona-la-labor-educativa-de-las-entidades/9380
http://www.canalsolidario.org/noticia/publicidad-y-ong-cuando-el-lenguaje-traiciona-la-labor-educativa-de-las-entidades/9380