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Erika Gerretsen, chargée de la Commission de l’Afrique Central au sein de Devco, a déclaré pour le portail EurActiv que la fin de l’aide européenne pour certains bons exemples africains pourrait être proche. La Commision est donc en train de penser à la stratégie de sortie pour des pays tels que Ghana, l’Ethiopie ou le Burkina Faso.
Pendant que certaines ONG et certains média continuent à diffuser les mauvaises nouvelles, grâce aux efforts locaux, et à la bonne coordination entre les partenaires/parties prenantes de l’aide internationale, il existe aujourd’hui une série de bonnes nouvelles concernant le développement global... malheureusement, il n’y a pas encore seulement des bonnes nouvelles.
"Africa Rising": le continent est beaucoup plus riche aujourd'hui même s’il reste le plus pauvre de la planète
Le décembre dernier, le magazine "Times" afirmait que l’Afrique était en train de surmonter ses problèmes économiques. En définitive, de nombreux pays africains (22 pour être précis) ont déjà atteint la catégorie de pays à revenu intermédiaire.
Au Ghana, le pourcentage d’enfants scolarisés est proche de 100%. Pour Gerretsen, la clé de ce succès est la bonne gouvernance et la stabilité politique, permettant un environnement confortable à l’investissement. De plus, ce pays est aussi un exemple de prise en charge et d'appropriation des projets. Cependant, il existe encore des défis en lien avec l'éradication de la corruption.
Réussites en: Ghana, Burkina Faso et en Ethiopie |
La qualité de l’aide : les projets ont été réalisés , mais avec quels résultats?
D’un autre coté Omer Kaboré, directeur d’Oxfam au Burkina Faso, averti face à ces déclarations positives qu’il ne faut pas se tromper sur les vrais résultats: “Lorsque nous parlons de la réalisation de grands succès sur l'accès des populations à l'éducation, nous devons être sûrs que le succès de la quantité est suivi par une meilleure qualité de l'éducation». C’est-à-dire que ce n'est pas un succès d'avoir des milliers d'autres étudiants à l'école si les enseignants sont absents ou les classes sont trop surchargées, ou si les points d'eau ont été installés sans faire attention à l implication de la communauté dans la gestion de la chaîne de l'eau pour le développement durable.
En somme, pour lui, cette “stratégie de sortie” pourrait s’expliquer par la réduction du budget européen destiné à l’aide internationale à cause de la crise économique actuelle, et cela pourrait signifier en Afrique, un retrait malgré les succès limités par la qualité des interventions.
La société civile se méfie des vrais résultats de l’aide
Ces déséquilibres entre ce qui a été fait et les vrais impacts des efforts réalisés, selon le dernier rapport d’Ipsos mori “ Understand Society” sont ausi ressentis par la société civile. Par exemple, 62 % des français sont d’accord avec l’affirmation : “l’aide internationale est gaspillée”.
Selon ce rapport, ce manque de confiance du public dans les dépenses de l'aide au développement à l'étranger n'est pas nouveau. Ce qui est relativement nouveau, cependant, c'est l'appel à ce que l’augmentation des dépenses dans ce domaine soit accompagné d’une plus grande responsabilisation.
Alors, que faut-il changer à la façon dont l'aide est mise en œuvre? Comment peut-elle être réalisée non seulement de manière pertinente, mais plus efficacement que par le passé?
Dans ce nouveau contexte d’une Afrique en croissance, Wolfgang Flegner soutient dans son article d’opinion pour Daily Nation (Kenya) “Africa’s emergence challenging old foreign aid thinking” que l’aide devrait s’adapter aux changements dans le continent, en aidant cette "Rising Africa" à dépenser ses riches ressources efficacement, et surtout en ciblant prioritairement les plus pauvres. Ainsi, Fengler surligne trois nouvelles lignes directrices pour une meilleur aide:
- Tout d'abord, nous devons célébrer la disparition de l'ancien paradigme Nord-Sud. Avec l'émergence de l'Asie - et le redressement spectaculaire de la Chine - d’anciens bénéficiaires de l'aide sont désormais de nouveaux donateurs. Aujourd'hui, les relations sont beaucoup plus complexes et variées, et il y existe de nouveaux acteurs sur le terrain.
- Deuxièmement, l'aide sera de plus en plus axée sur le transfert de connaissances plutôt que de l'argent. Peu importe la façon dont certains bailleurs de fonds peuvent étendre leurs engagements financiers, l'argent de l'aide restera minime, par rapport aux ressources nationales dans les pays bénéficiaires.
- Troisièmement, l'innovation et le soutien aux systèmes nationaux conduira l'impact de l'aide future. En 2025, même l'Afrique aura une majorité de pays à revenu intermédiaire et ils devront faire face à de nouveaux enjeux stratégiques et plus complexes. Afin de ne pas rester coincé dans le «piège du revenu intermédiaire», les pays africains devront faire preuve d'innovation dans les secteurs traditionnels tels que l'éducation, la santé ou les transports.
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